Nous sommes pleins d’énergie, elle attend juste d’être autorisée…

L’énergie est là.
Nous n’avons pas à la créer ou à la forcer, elle est partout disponible, en nous et autour de nous.
Elle attend juste d’être autorisée et libérée.

La physique a démontré qu’il y autant d’énergie dans le feu que dans l’eau.
Sous cette forme ces énergies ne sont pas humaines et pourtant …

La détente peut être associée à l’eau et l’engagement au feu.

Quand nous n’avons que de l’eau en nous, sommes comme des lacs endormis. Que du feu et nous devenons inconfortables et intouchables. L’énergie de l’eau a besoin du feu pour se libérer. Le feu a besoin de l’eau pour se maitriser.

Et c’est là que nous devenons de véritables chaudrons alchimiques !
Quand nous pratiquons, nous alternons des moments de détente avec des moments d’engagement physique. Nous permettons à l’eau et feu de se rencontrer.

Les obstacles principaux à la libération de l’énergie sont les tensions physiques et psychiques.
La détente est une autorisation donnée à l’énergie pour se libérer et lui permettre de circuler.

L’énergie est par nature en expansion. Pour que l’énergie puisse être à notre service, elle doit être maitrisée. Sinon au mieux elle s’échappe, au pire elle dévaste.

Maitriser consiste à contenir l’énergie. Il ne s’agit pas d’essayer de l’enfermer ou de l’étouffer mais de lui offrir un contenant qui lui permette à la fois de se densifier et de circuler.

Il ne s’agit pas de la contrôler. Le contrôle est exercé par le mental isolé et créé des tensions délétères. La maitrise implique le mental avec d’autres dimensions de l’esprit, elle permet d’engager la conscience et le corps en restant détendu.

La maitrise est un engagement optimum de l’esprit et du corps. L’optimum est propre à chacun et à chaque instant et pourtant il se trouve toujours au même endroit, juste entre le minimum et le maximum ! C’est l’espace où vous pouvez être à la fois pleinement engagé et détendu. Vous ne pouvez pas vous tromper une grande joie se libère à cet endroit-là.

Automne, tristesse et dépression. (Partie 2/2)

Dans la vision yogique, la dépression est un appel de l’âme à apprendre à vivre pleinement l’émotion de tristesse. L’émotion (e-motion, « en mouvement » en anglais) est ce qui nous met en mouvement. Il ne s’agit donc pas de rester enlisé dans la tristesse mais de se laisser guider de la tristesse émotionnelle à une tristesse transcendante et purifiante.

Une émotion naturelle
A sa source la tristesse est une émotion naturelle qui émerge quand nous faisons l’expérience de la perte. Qu’il s’agisse d’une perte humaine, matérielle et même immatérielle, comme une illusion, une croyance, une fidélité.
Idéalement, il faudrait l’observer couler à travers nous, en surface, sans lui opposer d’obstacle. Alors elle nous traverse, nous informe et se transforme en une autre énergie.

Mais nous avons pris l’habitude de faire autrement. Nous cherchons à la nier, la retenir ou l’enfouir. Et comme nous faisons cela depuis notre enfance avec toutes les pertes que nous n’avons pas été en mesure de gérer, toutes ces rivières souterraines se sont regroupées en un énorme fleuve de mémoire dont chaque nouvelle perte vient grossir le flot. Cela fonctionne de manière très concrète avec l’ensemble de nos des connexions nerveuses et neuronales. Nous pouvons observer dans nos vies comme un petit événement peut déclencher une réaction disproportionnée. Disproportionnée dans son intensité mais également souvent déplacée dans sa nature. Car ce « fleuve » émotionnelle ne contient pas que de la tristesse mais bien un amalgame que toutes les émotions que nous avons refoulées. Alors la tristesse peut tout aussi bien déclencher de la colère, du dégout, un sentiment d’impuissance ou tout autre « cocktail Molotov » de notre composition !

Peut-être pouvez-vous ressentir dans votre corps, ou observer dans votre vie, comment un nouveau petit ruisseau peut faire déborder le fleuve !
J’ai tellement eu peur de ces débordements dans ma vie que j’ai suis arrivé à voir ce fleuve de réactivité émotionnelle comme un monstre.

Alors j’ai pris la précaution de nier, étouffer chaque émotion avant même qu’elle apparaisse. A la rendre muette afin d’éviter qu’elle ne réveille le monstre tapis à l’intérieur de moi ! Un monstre qui c’était nourri depuis l’enfance de toute mes souffrances et émotions refoulées. Un monstre que j’ai appelé « mon corps de souffrance » après la lecture de « Seul meurt la peur » de Barry Long (Version audio gratuite, réalisé par mes soins !, disponible ICI ) , un ouvrage aussi curieux que remarquable qui m’a aidé concrètement à sortir de ce cercle vicieux.

Une lecture qui m’a permis de réaliser que ce sont les histoires que nous nous racontons, bien plus que les pertes elles-mêmes qui entretiennent la tristesse et notre « corps de souffrance ». Cela allant jusqu’à entrainer des schémas auto-réalisateurs qui modèlent des situations futures qui nous font revivre encore et encore la perte, voir le rejet ou l’abandon.

Nous pouvons à partir de cette reconnaissance, aidé par la pratique de la méditation, discerner l’émotion naturelle de tristesse de celle accumulée et enfouis. L’une passagère nous traverse et se recycle dans le présent. L’autre nous immobilise, nous sommes comme enlisé dans le passé ou le futur. Un passé et un futur tellement vaste et multiple qu’il ne peut pas être réel, qu’il ne peut pas être le nôtre.

La tristesse transcendante
Réaliser cela ouvre la porte de ce que l’on peut appeler une « tristesse transcendante ». La tristesse transcendante commence par la réalisation que la souffrance et le chagrin sont universels, qu’ils arrivent dans la vie de chacun. En reconnaissant cela, nous pouvons nous éloigner de l’identification à la tristesse et commencer à travailler vraiment avec elle comme une énergie motrice.

J’aime l’appeler « transcendante » car elle m’a permis de m’élever, là ou la tristesse émotionnelle m’affaissait. Transcendante car elle m’a permis de créer, là ou la tristesse émotionnelle me poussait à répéter encore et encore les mêmes histoires.

Ce que j’appelle ici « tristesse transcendante » est l’expérience vécue de la première Noble Vérité du Bouddha : il y a de la souffrance.

Cette réalisation ressentie dans le corps permet de prendre de la hauteur. D’englober notre tristesse personnelle dans une réalité plus vaste.

Toute tristesse fait partie d’une tristesse humaine non personnelle que nous ressentons lorsque nous réalisons que rien ne dure, que les choses se réalisent rarement comme prévu et que le monde est d’une apparente injustice.

Depuis des siècles des yogis, des méditants et d’autres mystiques de tous bords décrivent avec leurs mots la même expérience. Rester en présence, en conscience, de notre tristesse de base, comme à la base de toute autre émotion, a un pouvoir libérateur et peut être un catalyseur pour une profonde ouverture spirituelle.

Frédéric Marr.

Le maître Bouddhiste Chögyam Trungpa, quand on lui demandait ce qu’il faisait quand il ressentait un profond mal-être, disait : « J’essaye de rester dedans le plus longtemps possible. »

Il ne s’agit de s’enliser ou de cultiver la souffrance mais de faire l’expérience qu’en se tenant calme digne et confortable dans son flot on pouvait s’en libérer.

Trungpa décrit dans ces enseignements une pratique tantrique qui consiste à rester en présence, même des fortes expériences douloureuses, et de travailler avec elles comme des énergies.

Cette approche est radicalement différente de ce que nous faisons habituellement. La plupart d’entre nous gérons superficiellement nos souffrances en les évitant ou en les rationalisant.

Combler par la nourriture, l’alcool ou autres drogues, se noyer dans le travail, le sport ou la procrastination numérique, sont des stratégies d’évitement. Nous utilisons n’importe quelle ressource extérieure pour produire quelques « hormones du bonheur ». Nous pouvons aussi rejeter la faute sur les autres, le monde ou sur nous-même, plutôt que d’accepter la réalité de la souffrance. Nous savons également trouver refuge dans une compréhension psychologique ou spirituelle qui légitime voir même valorise cette souffrance.

Tant que nous n’avons pas les ressources pour faire autrement, il est parfois nécessaire d’éviter. Nous pouvons voir cela comme un palier. Soit nous nous y installons, soit nous nous y ressourçons un temps avant de reprendre l’ascension !

Car la tristesse commence à révéler son véritable pouvoir de transformation lorsque que l’on désire sincèrement se débarrasser de nos stratégies d’évitement. Alors, en laissant se dissoudre les idées, les associations, les histoires que l’on échafaude à son sujet, nous nous ouvrons à un nouvel espace de perception et de compréhension. C’est un plongeon dans le présent, dans la sensation, qui ne laisse aucune place à la plainte, la nostalgie ou au romanesque. C’est une expérience directe de notre incarnation.

En pratique
Commençons par nous asseoir avec cette tristesse dans une posture digne et confortable. Laissons nous ressentir cette tristesse. Observez où elle se situe dans le corps. Sans rien changer à notre respiration, respirons dans la partie du corps où elle se situe, en laissant la sensation être. Restons avec elle pendant un moment. Ne cherchons pas à changer quoi que ce soit. Simplement ressentir, sans rien ajouter, sans rien retirer à ce qui est là.
Des prises de conscience, des informations à votre sujet, peuvent émerger. Quand cela arrive, notez-les simplement mentalement et revenez, autant de fois que nécessaire, à l’expérience physique immédiate.
Ce genre de travail intérieur demande un certain degré de courage, de volonté et d’entrainement à maintenir notre attention sur la sensation, a ressentir pleinement et sincèrement. Car ce n’est pas facile de faire face aux sentiments de blessure et de chagrin, notamment parce que nous avons tendance à nous identifier, à nous fondre avec ces sentiments.

Pour travailler avec les émotions fortes sans se laisser submerger, il est indispensable d’avoir une pratique qui nous permet de faire l’expérience qu’il y a quelque chose au-delà de notre « personnage de souffrance » qui s’identifie aux émotions. Ce sens plus large est souvent appelé « le témoin » ou « l’observateur », nous l’appellerons ici « l’être ». Depuis cet espace, je peux être présent, en paix, à ces émotions/sentiments sans les justifier, les juger ni les blâmer. Juste ressentir.

Pour la plupart d’entre nous, la rencontre avec «l’être » survient plus facilement en méditation. Il est même parfois nécessaire au préalable d’optimiser notre chimie corporelle, dans mon cas avec le kundalini yoga. Plus nous sommes capables de nous ancrer dans cet espace de « l’être », plus nous pouvons accueillir, accepter, et « surfer » les émotions qui émergent. Nous ne cherchons plus à nous mettre à l’abri de la tristesse mais à un endroit plus élevé qui englobe la tristesse dans un tout beaucoup plus vaste.

La tristesse à notre propre inertie
En travaillant sur la tristesse de cette façon, nous pouvons prendre conscience d’une autre couche de «tristesse transcendante » : une tristesse à notre propre inertie.

Le psychologue spirituel John Welwood appelle cela la « tristesse purifiante », ou la tristesse de l’âme, une reconnaissance directe selon lui du « prix que nous avons payé pour rester englués dans nos schémas étroits en nous détournant de notre plus large nature ».

« La tristesse purifiante » est l’une des plus puissantes motivations à la transformation, qu’il m’a été permis de toucher à ce jour.

En ressentant que ma profonde tristesse n’était pas liée aux histoires que je me racontais à son sujet mais bien à ma difficulté à vivre pleinement librement et joyeusement ma vie, c’est comme si l’énergie que gaspillait mon égo se remettais au service de mon âme.

Cela demande de s’engager à résister à l’envie de nous juger, de nous reprocher de ne pas être meilleur, plus conscient, ou plus compatissant. Lorsque nous nous permettons de ressentir cette « tristesse purifiante », nous nous ouvrons à notre propre aspiration à l’éveil, notre désir de vivre avec intégrité, d’abandonner notre « personnage de souffrance » et découvrir l’être unique que nous sommes vraiment, un être libre et puissant.

Il ne s’agit donc pas de s’installer dans la tristesse, même « transformante » ou « purifiante ». Mais de les considérer comme des courants, des énergies, que nous pouvons utiliser dans notre cheminement vers une façon de vivre notre vie avec un cœur ouvert. Lorsque nous apprenons l’art de laisser la tristesse nous amener jusque dans le cœur, ce que nous trouvons n’est pas de la tristesse mais de la tendresse, pas de la souffrance mais de la paix. L’autre face de la tristesse est quelque chose qui ressemble étrangement à l’amour !

Automne, tristesse et dépression. (Partie 1/2) 

A chaque saison ses joies, il y a toujours quelque chose a transcender !

Ce matin la météo annonçait le passage d’une grande dépression et la baisse des températures !

D’un point de vue yogique l’automne est aussi la saison des poumons, de la tristesse et donc potentiellement de la dépression. Chaque saison est ainsi l’occasion de mettre de la conscience sur ce que nous traversons. Non pas avec fatalisme, comme si cela allait durer tout le temps, mais d’une manière plus légère et organique en réalisant que cela s’intègre au cycle du vivant et l’impertinence. 

De façon très pragmatique nous savons, comme le jardinier, que c’est en faisant ce qui est à faire à chaque saison que nous pourrons vivre la saison suivante avec le plus de sens et de perspective pour notre croissance et notre floraison !

Dans l’enseignement yogique de Yogi Bhajan, la dépression froide désigne l’état dans lequel nous mettent les conditions de vie actuelles, faites de surcharge d’information, de suractivité, et  d’un manque cruel de temps pour soi-même et pour nos proches.

La demande extérieure est si intense que la réponse intérieure ne peut pas suivre. 

« Froide », car on ne s’aperçoit pas que l’on glisse peu à peu du stress à la dépression. 

Si on continue ses activités qui nous font souffrir ce n’est pas uniquement parce que nous ne savons ou ne pouvons faire autrement. C’est également une manière de fuir une douleur plus profonde, une douleur qui nous effraie d’autant plus que nous ne la connaissons généralement pas encore : la séparation avec notre être intérieur. 

Les yogis l’appellent « le silence de l’âme ». La séparation, l’anxiété, la perte de sens sont là, mais elles ne sont pas encore ressenties consciemment. 

Nous fuyons dans les faux espoirs, les leurres ou les fantasmes. Tout ce qui peut nous procurer un faux sentiment de complétude : le travail excessif, les sports extrêmes, les stimulants, les drogues, les dépendances affectives, … Tout ce qui nous permet de mettre un voile sur notre intimité. L’intimité étant ce qui touche à l’essence de notre être profond. 

La dépression est ainsi le signe que nous nous sommes trop éloigné de nos besoins et de notre vérité. La dépression nous rappelle notre besoin d’exister et nous invite à reprendre le chemin de nous-même. Nous pouvons alors, bien sur pratiquer le yoga et la méditation, mais de façon plus générale, toute activité qui permet de retrouver une connexion, vrai et sincère, à notre intériorité. Depuis cet espace nous recevons des informations qui nous guident, de manière non mentale, à faire des choix de vie plus en accord avec notre âme. 

A une époque de ma vie ou mon automne intérieure durait parfois 9 mois de l’année ! j’en suis arrivé à me demander pourquoi je me complaisais autant dans la tristesse ? Avec ma bande de copains nous étions très créatifs à nous distraire mais je préférais parfois me retrouver seul avec le romantisme, la nostalgie, voir la lamentation. Je préférais ressentir le manque, ou pleuré une disparition que de me distraire. 

Je trouvais dans ce silence et cette profondeur une sensation de vivre plus authentique que dans l’intensité et le fanfaronnage que je partageais avec les copains. Je comprend maintenant qu’en fait cela ressemblait à l’amour. Un amour triste et romantique, un amour contrarié, mais au moins de l’amour. Après avoir bien touché le fond, je pouvais rejoindre mes copains et manifester une joie sans précédent, comme rien de c’était passé avant. Comme si la tristesse et la joie avant la même source ! 

Je comprends aujourd’hui, que comme beaucoup d’enfants qui se sont construit dans la solitude, j’avais amalgamé la tristesse à l’amour. 

La tristesse est une émotion « marécageuse ». Comme une balade avec seulement des accords mineurs, la tristesse fait tourner en boucle une mélodie mortifère. Rythmé par l’apitoiement sur soi-même et des histoires de victimisation, des notes sombres de désespoir, des tons noirs de désespérance, des double-croches de relations impossibles, des temps morts avec nos chers disparus.

Si on la laisse se nourrir d’elle-même, la tristesse peut se transformer en dépression et désorganise immanquablement à la fois notre vie, notre chimie et notre santé. D’autant plus quand elle est associée à la drogue, l’alcool, les médicaments ou tout simplement une vie qui ne respecte plus les lois élémentaires du vivant. 

Paradoxalement quand la tristesse est ressentie pleinement elle montre autre visage, elle nous ouvre la porte de ce que Pema Chödrön appelle « le courage au coeur tendre ». Qu’elle évoque en particulier dans son livre « confiance inconditionnelle », qui a été pour moi une ressource précieuses quand j’ai traversé un grand marécage de tristesse. (Disponible en version audio gratuite ICI

Elle indique une issue vers un état de résilience, chargé de compassion et de tendresse qui permet d’«Entrer à nouveau en amitié avec soi-même » (Qui est également le titre d’un autre de ces livres). 

La tristesse est là pour être vécu. Elle contient une énergie qui demande à être libérée, à travers les larmes en particulier. Je pense parfois même à travers les poumons, la gorge et le son. Je me souviens avoir passé une nuit à hurler comme un louveteau seul, abandonné par la meute, incapable de continuer à vivre dans un environnement glacé et hostile. Hurler ? Peut-être faute d’avoir pu nommer et verbaliser.

Quand j’ai tout pleuré, je ne lutte plus pour que les choses soient autrement et peux m’ouvrir à un autre espace. Je peux ressentir plus en subtilité, au delà du voile émotionnel, ce qui est vraiment là pour moi. Je peux revenir à la maison, dans cet espace intérieur paisible et tranquille qui a toujours été là et sera toujours là. D’ici je peux ressentir ma tristesse juste pour ce qu’elle est, une énergie qui me traverse et souhaite initier un mouvement. Il ne s’agit donc pas de me résigner mais de faire une pause, prendre de la hauteur et m’ouvrir à un nouveau champ de perception et de compréhension. 

De la même façon que la colère peut être un pont vers la force et la peur vers le désir, la tristesse peut engendrer l’humilité, la compassion, une douce joie du cœur et d’autres états d’être profonds et élevés qui sont de précieuses ressources.  

Cela fait écho à un point fondamental de la tradition tantrique : la compréhension que les sentiments inconfortables (peur, avidité, colère, ainsi que la tristesse), qui agissent tels des poisons dans le corps et l’esprit, peuvent devenir les alliés de notre libération. Leur capacité à tirer vers le bas nous permet, à travers la transcendance, de nous  élever au-dessus de notre façon ordinaire de voir, d’être et d’agir dans le monde. 

La tradition tantrique considère tout ce qui existe comme étant constitué d’énergie créatrice divine, une vision radicalement non-duelle qui peut nous aider à reconnaître le pouvoir caché qui émerge lorsque nous abordons de façon constructive ces états généralement considérés comme négatifs. Un aphorisme tantrique dit : « Ce par quoi tu tombes est ce par quoi tu t’élèves ». 

Cette façon de travailler avec la tristesse n’est pas facile, mais je n’en connais pas de meilleure ! C’est un peu comme le surf. Pour réussir, nous devons nos accorder à la fois aux courants, à la houle et au vent. Nous devons accepter d’être emporté par un rouleau et de manger du sable ! Nous devons rester attentif aux qualités du surf, de nos cuisses et de l’état de la mer. Nous restons engagé et nous abandonnons à la pratique. Nous sommes sans attente et sortons du temps. 

Et quand enfin les conditions sont réunies, que nous sommes redressés, nous goutons à une joie  profonde, celle de nous être retrouvés intimement et d’avoir abonné un conditionnement, un attachement ou un fantasme qui nous limitait. 

(2e partie à venir prochainement) 

Frédéric Marr

Stress et anxiété, sont nos alliés !

Si vous n’avez jamais ressenti ni stress ni anxiété, continuez à vivre pleinement votre vie.

Pour les autres, nous pouvons, à l’instar de cette participante au dernier cours, nous interroger :  « Après la pratique je me sens sereine, légère, joyeuse. Cela dure même parfois plusieurs jours, puis d’abord le stress et ensuite l’anxiété m’envahissent à nouveau me pourrissent la vie. Je me demande si je suis doit me résigner à faire les montagnes russes ou s’il est possible de s’en débarrasser ? »

La bonne nouvelle c’est que ni le stress ni l’anxiété ne sont des fatalités.
Et je ne parle pas, comme cela est très répandu, de nous enfermer dans une camisole chimique !

Je vous invite ici à faire l’expérience de les considérer, comme je les ressens depuis quelques années, à la fois comme les pires des poisons et comme de précieux alliés !

Car le stress et l’anxiété nous indiquent la route pour nous en libérer et l’autre bonne nouvelle c’est que c’est la même que notre plein potentiel !

Il ne s’agit donc pas de s’en couper ou de s’en débarrasser mais bien de les accepter puis les écouter. Ils nous guident, de manière paradoxale, en nous faisant souffrir, vers notre réalisation. Quand nous sommes à nouveau au bon endroit le stress disparaît. Quand nous sommes dans la bonne direction l’anxiété s’évapore.

J’ai longtemps été à la fois stressé en anxieux. J’ai même, comme beaucoup d’hommes valorisé comme une force ma capacité à faire face au stress (voir à en infliger aux autres !). L’anxiété, elle, je la cachais de manière presque honteuse comme une faiblesse, une tare congénitale. D’une certaine manière tout allait bien. Tout le monde faisait pareil. Alors moi aussi je prenais sur moi, je minimisais et me coupais de ces souffrances, grâce à de nombreuses distractions, compensations et additions.

Le burn-out, la maladie, la perte de sens qui en ont découlé, m’ont permis de réaliser qu’au-delà de gâcher notre quotidien et de mettre notre santé en danger, le stress et l’anxiété, nous empêche de vivre pleinement notre vie.

Le stress est une réaction de l’organisme à ce qui est, ou ce qu’il considère comme, une agression, un choc physique ou psychique. On peut généralement facilement établir une relation de cause à effet entre le fait d’être stressé et ce qui nous stress.

L’anxiété est une sensation de malaise voire de danger lié au fait d’anticiper de façon négative, souvent inconsciemment, des évènements qui pourraient survenir dans le futur. Il est plus difficile de ressentir, comprendre, reconnaître la causalité.

Le stress et l’anxiété sont intimement liés
Le stress qui s’installe dans le temps créé de l’inconfort et l’anxiété. L’anxiété nous emmène à nous stresser encore plus. Dans l’inconfort nous créons de plus en plus de source concrète d’anxiété ! Et alimentons nos peurs, que l’on en soit conscient ou pas.
Ce cercle vicieux « stress-inconfort-anxiété-peur-stress-inconfort-anxiété » conduit généralement de manière inconsciente à envisager « notre pire cauchemar » au sujet de notre vie affective, amoureuse, familiale, professionnelle ou de notre santé.

C’est là que se trouve à mon sens la vraie motivation pour considérer sérieusement ce poison. Tant je minimise je trouve des solutions pour ne plus ressentir, ne serait-ce que temporairement le stress et l’anxiété. Pour ne plus qu’ils m’empoisonnent il me fallait être intimement être satisfait, si ce n’est de ma vie, de la direction qu’elle prenait.

Si un vieil adage dit que « la peur n’évite pas le danger » des recherches en neurosciences et en physique quantique prouvent même que « la peur provoque le danger » car nos pensées et nos états émotionnels créent notre réalité.

Pour retrouver la maitrise de mon chemin j’ai dû prendre la pleine responsabilité de ce stress et de cette anxiété. C’est-à-dire arrêter d’en tenir comme responsable les autres, mon environnement ou la société. Me focaliser sur la manière dont à l’intérieur de moi je créais et entretenais ce stress et cette anxiété. Tant que je me plaints je suis impuissant. En prenant la responsabilité je reprends le pouvoir, c’est-à-dire le droit, la permission, la possibilité de changer cette situation.

J’ai alors commencé à me voir comme un ballon. Ma responsabilité c’est d’avoir assez de ressource, de densité à l’intérieur pour ne pas subir la pression, le stress, de mon environnement. Ne pas me laisser écraser, garder ma forme et mon intégrité. Et naturellement quand la pression est trop forte le ballon change de place !

Le stress m’informe sur ce que je vis concrètement au présent, dans mon environnement immédiat. Il m’indique que je n’ai pas les ressources intérieures pour vivre cela ou que je ne suis pas au bon endroit. Ma responsabilité c’est d’obtenir ou créer ces ressources ou de changer d’endroit !

Car si je reste coincé sous pression, je ne peux envisager l’avenir qu’à travers la souffrance et le danger, je crée alors inévitablement de l’anxiété.

Le stress m’informe au présent que je ne prends pas bien soin de moi à cet instant.
L’anxiété m’indique que la dynamique dans laquelle je suis engagé dans ma vie ne respecte pas mes besoins fondamentaux.

Le stress me demande de renforcer mon ancrage pour habiter pleinement mon présent, pour créer l’harmonie, sur un plan vertical, entre les conditions extérieures et mes ressources intérieures.

L’anxiété m’invite à l’élévation pour sentir ce que je veux vraiment dans ma vie, pour aligner sur un plan horizontal, ce que je vis avec ce quoi j’aspire. En me focalisant sur, la seule chose qui ne dépend que de moi, ma vie intérieure.

Cela n’est pas immédiat, c’est un processus parfois long et toujours impliquant.

Dans les ressources qui ont compté pour moi il y a bien sûr le yoga et la médiation mais pour déloger la racine le programme MBSR et le WORK ont été également très précieux.

Il ne s’agit pas de se débarrasser temporairement de la sensation du stress et de l’anxiété. Ils reviennent généralement encore plus fort. Si je n’ai pas écouté ce qu’ils avaient à me dire mon environnement c’est généralement dégradé et génère encore plus de stress et d’anxiété. Plus je vis l’inconfort au quotidien, pus j’envisage l’avenir à travers mes peurs.

Il s’agit d’écouter, accueillir accepter sincèrement ce qu’ils me disent. Puis m’engager concrètement : à trouver des ressources intérieures, pour créer un quotidien confortable; à trouver l’inspiration pour poser des actes qui m’engagent à retrouver du confort intérieur, à prendre en compte mes besoins fondamentaux.

Alors on découvre que le stress peut être bon, quand il nous stimule à dépasser nos limites, à sortir de notre zone de d’inconfort, à mettre en harmonie notre intimité avec le monde extérieur. L’anxiété devient douce et passagère quand elle nous invite à nous élever et grâce à notre intuition nous permettre de réajuster le cap de notre vie.

L’alchimiste Paracelse a dit « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Dans le cas du stress et de l’anxiété on pourrait dire que c’est la manière dont nous les considérons ou pas, qui en font des poisons ou des alliés !

Entrer en amitié avec la mort.

Entrer en amitié avec la mort.

En gardant la mort dans ma conscience, comme : l’une des plus grande aventure qui me sera permis de vivre; en la regardant simplement pour ce qu’elle est au niveau terrestre : une des phases du cycle permanent de naissance, vie, mort et renaissance, j’imprègne mon quotidien d’uns richesse supplémentaire, et d’une énergie qui serait autrement gaspillée dans la peur et le déni.

Il y a quelques années j’ai décidé d’entrer en amitié avec la mort. Pour la mienne cela fut facile, avec celle de mes proches, je m’en approche !

Alors que, comme un crabe, la mort tournait autour de moi, cette posture d’amitié, m’a permis d’abord de passer de la peur à la curiosité.

Quel est donc ce grand mystère qui m’effraie autant ?

En faisant défiler ma vie, la mort m’a fait remarquer : qu’elle n’était pas son opposé mais bien son alliée; « Mon opposé c’est la naissance, pas la vie. »: qu’il convenait d’adopter face à la mort, la même posture que nous avions vis-à-vis de la naissance, une acceptation pleine et complète. De la même manière que je n’avais pas discuté ma naissance, je ne discuterais plus ma mort !

Comme j’aimais alors encore beaucoup discuter, je me suis retourné vers la vie. « Si ce n’est pas la mort, quel est ton opposé ? »

Elle n’a pas répondu alors j’ai cherché ! Avant de trouver une réponse satisfaisante à cette question, j’ai observé que le simple fait de me la poser me permettait de passer de la peur de la mort au désir d’exister.

« C’est quoi ma vie ? Certainement pas la peur, le déni, la fuite, la gravité, la solitude et le labeur que je vis aujourd’hui. » Pour me sentir vivant il me fallait retrouver ma joie d’enfant. C’est elle qui me guiderait vers MA vie.

Encore aujourd’hui quand j’oublie cela, mon amie la mort me rappelle, qu’avant de plonger dans son mystère à elle, c’est celui de la vérité de la vie qu’il m’est proposé d’explorer. Merci mon amie.

Cependant, il m’est encore difficile d’entrer en amitié avec la mort de mes proches. Pas de tous, juste de certains même si je les aime autant ! Avant de comprendre cette différence curieuse, je la trouvais curieuse, presque honteuse.

Dans « Aimer à l’infini », Denis Marquet, a développé l’idée que – sous certaines conditions – tristesse et joie pouvaient très bien co-habiter après le deuil d’un être cher.

« Quand on perd un être cher, on perd un être unique. Au moment précis de sa disparition, il est souvent difficile de réaliser à quel point l’être perdu était unique. La relation d’être unique à être unique peut en effet être empêchée pour de multiples raisons : trop d’attentes, d’ego, de système de défense, de personnalité conditionnée. Mais quand l’unicité de l’être disparu nous apparaît pleinement, vient le regret de ne pas l’avoir assez perçue, de ne pas s’en être assez émerveillé. Cette expérience du deuil recèle pourtant quelque chose de positif. Le deuil est là pour nous rappeler l’unique. Il est là pour nous rappeler que chaque moment est unique, mais aussi que chaque être est unique. (…)  »

Cette lecture m’a permis de comprendre que le sentiment de joie et de lien que j’avais en pensant à certains défunts, était lié au fait que nous avions partagé, de leur vivant, notre vérité, notre intimité et que d’une certaine manière, nous avions fait le tour, l’un de l’autre !

Si je ressens le manque et la tristesse en pensant à d’autres « chers disparus », il est clair maintenant que c’est de ne pas les avoir vraiment rencontré, dans leur intimité, leur vérité, dans ce qu’ils avaient d’unique. Qui était-il ? De quoi était-elle faite ? Je peux maintenant comprendre pourquoi je ressens ce sentiment de tristesse et de manque pour des êtres chers encore vivant.

Mon amie la mort me dis que, je si ne veux pas ressentir sa morsure, je dois rencontrer l’autre dans ce qu’il a d’unique. « Mais comment faire cela ? La plupart du temps on arrive à peine à se parler vraiment, a partager l’intime, le vrai. Elle garde son masque. Il se cache derrière des banalités. »

Pas facile. Alors je peux fuir cette réalité, entrer dans le dénis, tourner le dos, mettre un voile sur le fait qu’il ou elle va mourir, qu’un jour c’est moi qui ferais face ce mystère.

J’ai fait ce choix pendant des années. Je me suis anesthésié pour ne pas ressentir la mor(t)sure. Heureusement la douleur à été plus forte et m’a guidé vers un cercle vertueux : « l’autre c’est moi ».

Partir d’abord et avant tout à la découverte de l’être unique que je suis. Vivre pleinement et sincèrement ma vie, du mieux que je peux.

En vivant et partageant ma vérité, je m’offre la possibilité de rencontrer l’autre dans ce qu’il a d’unique. J’offre à l’autre la possibilité de dévoiler l’être unique qu’il est. Nous entrons dans un cercle vertueux. Et plus nous sommes nombreux à faire cela plus la joie l’emporte sur la souffrance et la tristesse, le sentiment de lien et d’unité sur le manque et la solitude.

Entrer en amitié avec la mort c’est d’abord entrer en amitié avec moi-même, pour accepter de vivre, du mieux que je peux, ma vérité. Partager, à chaque fois que cela est possible, la vérité avec les autres. En particulier ceux qui me sont chers et dont je pourrais appréhender la perte.

Réveiller l’énergie vitale, sexuelle et spirituelle ?

L’éveil de « l’énergie » est au centre de ma pratique et de ma transmission. La nature de cette « énergie » fait l’objet de nombreuses interrogations de la part des nouveaux pratiquants et d’hommes intrigués par le réveil de l’énergie sexuelle auquel le Kundalini yoga fait couramment référence. Alors je vais clarifier, à ma manière les différentes « qualités » de l’énergie. Non pas en me référant aux précieux référentiels existants (Chakras, tao, etc … ) mais tel que je l’ai expérimentée dans ma vie et que je la comprends aujourd’hui.

On peut définir l’énergie comme une force disponible qui a la capacité d’animer. « Disponible » car seule l’énergie n’a pas la capacité d’animer. Il semble que l’énergie anime ce vers quoi le mental, la conscience ou l’âme l’oriente.

L’énergie vitale est celle de nos fonctions physiologiques dans leur ensemble. Quand nous en manquons, nous sommes fatigués et restons centrés sur nous même. Quand nous sommes « plein d’énergie (vitale)» nous nous sentons à la fois vivant à l’intérieur et réceptif au monde extérieur.

L’énergie sexuelle est celle de notre capacité à créer. C’est l’énergie des rapports humains … de ceux qui peuvent créer des bébés, du plaisir charnel … et aussi de ceux de l’affectif, du collaboratif et du collectif. C’est l’énergie d’« aller vers » l’autre, le monde, que ce soit par le corps, l’art, le commerce, l’esprit ou l’âme.

L’énergie spirituelle est celle qui me permet de plonger en profondeur tout en prenant de la hauteur. Plonger sincèrement au coeur de moi-même tout en m’élevant pour englober, d’une manière extrasensorielle, une réalité bien plus vaste. Si cette conscience d’un tout unifié et sans limite est difficilement explicable, la confiance et la joie qui l’accompagnent, sont elles clairement palpables. Et même quand nous n’en avons pas conscience cette énergie est là, c’est le souffle de vie, sans lequel les autres énergies n’ont pas d’existence.

Si nous pouvons distinguer des sensations, des qualités et des fonctions spécifiques à ces trois énergies elles n’en restent pas moins intimement liées et indissociable. Les distinguer nous permet de prendre conscience de la manière dont elles sont en équilibre ou en déséquilibre en nous. Pas d’un point de vue moral ou théorique, mais bien concrètement en fonction de ce que nous pouvons observer de nous-mêmes, de nos blocages en rapport à nos aspirations.

Comme de nombreux hommes j’ai fait l’expérience, finalement douloureuse, de vivre de manière déséquilibrée mon énergie sexuelle.

Rechercher à augmenter son énergie sexuelle sans le soutien d’une d’énergie vitale suffisante, nous oblige à utiliser toujours plus de stimulations extérieures. Nous expérimentons alors la dépendance, souvent accompagnées d’un sentiment d’insuffisance, de culpabilité, voire même de honte.

Une grande énergie vitale et sexuelle sans l’aspiration de l’énergie spirituelle nous enferme dans un cycle de recherche avide du plaisir et de sa satisfaction. Alternant, au gré de relations souvent multiples, des phases d’excitation et de désintérêt, voire de dépression.

En élevant conjointement toutes nos énergies (vitale, sexuelle et spirituelle) dans un même élan de conscience, nous entrons dans un désir sans fin. Pas un désir fugace qui demande à être satisfait mais un désir dont la nature semble être de continuer à désirer. Un désir sans attachement, un désir libre qui porte en lui l’élan et le courage d’expérimenter la vie selon l’aspiration, non plus du mental, mais bien de l’âme.

On peut bien sur expérimenter d’autres types de déséquilibres ! Par exemple une forte énergie spirituelle qui manque de vitale ou de sexuelle et nous voici « perché », pseudo moine ou ermite, sans grotte ni monastère, à rêver ou penser la vie plutôt que de la vivre. Mais théoriser sur la multiplicité des déséquilibres, ils sont sans fin, n’a pas grand intérêt. À part peut-être, d’aider à reconnaitre et accepter sincèrement le sien.

Quand nous pratiquons le Kundalini Yoga (ou d’autres disciplines que je ne connais pas aussi bien) nous titillons, réveillons, éveillons toutes ces énergies en même temps. Un principe de régulation, que l’on peut associer à l’homéostasie, équilibre ces énergies de manière spécifique et optimum pour chacun. Nous allons alors expérimenter autrement notre vie. Fort de ces nouvelles expériences, un nouvel ordre s’installe, nous nous sentons plus vrai, vivant, vibrant.

La répétition de ce processus nous conduit progressivement, ou soudainement pour certains, à nous libérer et nous réaliser.

Frédéric Marr

Viagra ou yogas ?

Je ne prétends pas que les yogas aient les mêmes vertus érectiles que la célèbre pilule bleue. J’estime en revanche que ces pratiques offrent une continuité bien plus vertueuse et joyeuse à l’évolution naturelle de la sexualité masculine. 

https://youtube.com/watch?v=WGSic8levuw

Je ne connaissais pas grand-chose au viagra avant que les témoignages d’hommes que j’accompagne m’amènent à découvrir une étude réalisée par l’ifop à l’occasion des 20 ans de ce médicament. 

Même si le Viagra a fait des petits : Sildénafil, Tadalafil,  et autres Cialis, par commodité je parlerais de Viagra au singulier. 

Selon sa nomenclature : « le viagra est prescrit aux hommes qui souffrent de troubles de l’érection », c’est-à-dire selon cette même présentation officielle   « d’une incapacité à obtenir ou à maintenir une érection du pénis suffisante pour avoir une activité sexuelle satisfaisante. »

Mais qu’est-ce qu’«une érection suffisante » ? « Une activité sexuelle satisfaisante » ? Avec une telle indication de prescription dans un monde où  les hommes sont hantés par les injonctions érectiles et la course à la performance je ne suis pas étonné que la consommation de Viagra soit  en constante croissance, ni qu’il séduise une population de plus en plus large … des hommes de plus en plus jeunes jusqu’au 3e voire le 4e âge. 

L’exposition à la porn-culture et à un marketing de de la toute puissance y est certainement pour quelque chose … et ce à quoi, pour les plus âgés, le jeunisme ambiant vient s’ajouter.

L’étude offre une intéressante cartographie des zones et des milieux les plus touchés par les troubles de la sexualité. Elle met en évidence un lien direct entre les troubles de l’érection et le stress de la vie de tous les jours. Plus on  est urbain, plus on a de responsabilité, plus on consomme de médicaments et en particulier d’antidépresseurs, plus on va faire appel  à  la petite pilule bleue.

Vue sous cet angle ce médicament semble être un remède à la souffrance d’un masculin attaché à une société patriarcale à la dérive.

D’autant que cette obsession de l’érection est une lubie masculine bien éloignée des attentes sexuelles des femmes. Cette étude observe à ce sujet que la proportion des hommes ayant déjà été confrontés à un problème d’érection est plus importante que celle des femmes ayant été confronté à un problème d’érection avec leur partenaire … ensemble, chacun vit une  expérience différente ! L’étude dévoile d’autres différences : Aors que 3 femmes sur 4 estiment que l’usage du viagra doit être une décision de couple 1 homme sur 4 choisit d’en dissimuler l’usage à sa compagne. Si pour l’homme l’âge est le facteur déterminent évoqué pour son usage, les femmes estiment que les facteurs déterminent sont  les problèmes de relation de couple et psychologiques (dépression, anxiété).

Mais ma plus grande surprise à été de réaliser que ce médicament n’agissait pas sur la chimie du désir mais uniquement sur la mécanique de l’érection. Que les hommes sous viagra pouvaient être bandant sans forcément être désirant ! 

Il y a pour moi quelques choses d’effrayant en cela … Je comprends que l’on puisse faire ce choix, je ne le juge pas, j’ai été , comme tout les hommes un jour je pense, déjà confronté à ces douloureuses défaillances. Cela m’a même incité un temps à éviter la sexualité. Comme l’attente du choix entre calvitie assumée et implants dissimulés m’a fait préférer un temps le crâne rasé. 

Il est même probable que sans les yogas j’aurais dissimulé des implants et usé du viagra ! 

Quand je mets un S à yogas c’est une commodité pour inclure en un mot des pratiques corps-esprit aussi variées que la méditation de pleine conscience, le yoga Kundalini, le tantra et le tao. Il existe certainement d’autres pratiques, mais je parle de celles que j’ai expérimentées sur le sujet et que je transmet aujourd’hui à travers un parcours de transformation intime, réservé aux hommes. 

Ces pratiques aident efficacement à évacuer le stress et à vivre sans camisole chimique. Le stress et la médication étant les deux principales causes identifiées des troubles de l’érection. Ajoutez à cela qu’une pratique régulière augmente considérablement votre énergie vitale et il est fort probable que vous retrouviez une seconde jeunesse. 

A cela s’ajoute, le tao et le tantra, qui disposent d’une technologie à l’efficacité avéré pour réveiller l’énergie sexuelle. Une énergie d’une qualité qui dépasse la vision érectile et étriquée dans laquelle certains hommes, se sont malgré eux réduit et enfermés. 

Une énergie sexuelle d’une qualité qui invite à élargir l’usage qui en est habituellement fait … s’ouvre alors un nouveau champs de conscience, de créativité et d’amour.

Quel que soit le résultat, la pratique de la méditation nous permet alors d’entrer en amitié avec nous-même et d’accueillir ce qui est là. En retrouvant le calme intérieur et de la bienveillance envers nous-même, l’esprit prend de la hauteur. S’ouvre alors des perspectives de réjouissance que le mental englué dans sa problématique érectile ne pouvait pas imaginer avant. 

Mais si je trouve ce chemin aussi motivant c’est qu’il permet d’entrer dans un cercle vertueux. Les hommes sont capables de mobiliser une telle  énergie pour retrouver un sexualité épanouie que celle-ci entraine au passage une transformation sur tous les plans de l’être. 

J’ai même entendu des hommes tout juste engagés sur ce chemin se poser de drôles de questions :  

Si l’érection sous viagra n’est pas l’expression de mon désir, a quoi peut bien rimer cette pénétration ? C’est un peu comme quand on reproche aux femmes de simuler ! À quoi nous mènent ces mensonges ? Est-ce-que je préfère bander sans désirer ou désirer sans bander ? Quelle est ma quête essentielle le désir de vie ou l’érection ? Mon image d’homo-erectus ou la qualité de la relation ? Je continue à m’isoler dans ma recherche de performance ou je trouve une nouvelle manière d’entrer ensemble dans la danse ? 

C’est bien ce que permettent ces pratiques, sortir de la souffrance, se libérer des habitudes, trouver une nouvelle manière d’entrer dans la danse … l’épanouissement de l’énergie sexuelle agit alors comme un accélérateur pour s’engager sur un chemin de réjouissance qui réunit le corps et la conscience. 

Quel masculin pour demain ?

À quoi va bien pouvoir ressembler le masculin de demain ? Et je ne parle pas du symbole, du rond avec sa flèche, qui évoluera certainement, mais bien d’hommes de chair et d’os.

À l’instar du féminin, le masculin, avec un peu de retard, est en train à son tour d’amorcer un grand virage. 

Je fais référence à tous ces hommes qui aspirent à s’incarner de plus en plus à travers leur coeur et leur conscience. Ces hommes qui sans forcement le théoriser sortent du sillon belliqueux et mortifère du patriarcat encore ambiant. Une aspiration aussi vieille que le patriarcat mais qui a été amplifiée par « la libération de la femme » et aujourd’hui « l’éveil du féminin ».  

J’en profite pour rendre hommage à ces femmes inspirées et ces hommes courageux qui, de tout temps, se sont affranchis du contrat social et ont bravé les fidélités familiales pour ouvrir la voie à une humanité plus libre consciente et joyeuse. 

Oui joyeuse. Car il faut bien se fixer un cap quand on explore un nouveau territoire. Le dialogue avec l’ange répond en boucle « l’indice c’est la joie ».

Depuis que je suis enfant je recherche cette joie, qui était en moi, avant que mon enfance n’éclate en souffrance.

Je l’ai trouvée chez beaucoup de femmes … pas toutes. J’ai compris plus tard que certaines étaient libres et d’autres encore sous emprise, infantilisée, exploitées. 

Chez les hommes c’était rare d’en trouver de la joie. On m’a appris à m’en méfier. Pas des hommes en général, des hommes joyeux en particulier. Ce n’est pas sérieux, c’est louche, un homme joyeux. Et puis « Cache ta joie Frédéric », alors c’est ce que j’ai faits … un temps.

Plus grand et comme tellement d’hommes aujourd’hui je suis repartis à sa recherche. J’ai découvert que cette quête était indissociable d’un nouvelle masculinité. Alors j’ai exploré le tantra, les nouveaux guerriers et le masculin sacré. Puis j’ai cherché un nom pour le masculin que je souhaitais incarner : Épanoui ? libre ? souverain ?  

Je les ai tous apprécié, et je rends hommage à leur contribution au « nouveau masculin » qui est en train d’émerger. Ce nouveau masculin sera pluriel comme les « femmes libérées » ne sont pas une. 

Mais  qu’auront-ils en commun tous ces nouveaux hommes de demain ? 

Si on admet qu’en la matière ( une de plus ) les femmes nous ont ouvert la voie, ont pourrait s’en inspirer ? Je leur ai demandé elles sont d’accord. 

Par quoi ont-elles commencé pour se libérer ? Par conquérir leur autonomie matérielle et financière. C’est de là que tout est parti. 

Si on ne tient pas compte bien sur, de l’esprit qui a précédé la matière. Du chemin intérieur qu’elles ont dû faire pour avoir le discernement et le courage nécessaire. 

Elles se sont d’abord libérées de ce qui les contraignait le plus dans leur vie quotidienne et dans leur intimité. 

Leur principale dépendance était matérielle et financière. De la découlait toutes leur servitudes involontaires. 

Il est dans l’ordre des choses qu’à l’intérieur d’un système les énergies, comme les dépendances, dansent ensemble et s’équilibrent. Alors qu’avons nous apporté dans la danse , nous les hommes ?

Si la dépendance des femmes était matérielle la nôtre est psychique. Elle est affective et émotionnelle, quand elle n’est pas tout simplement existentielle. C’est ce manque d’autonomie qui je pense restreint le plus les hommes dans leur vie quotidienne et dans leur intimité.

Regarde autour de toi, regarde en toi. On a beau faire les gros bras ou les jolie coeurs ont à souvent peur.

Peur d’être seul, seul avec nos émotions, seul sans affection .. vide d’inspiration, égaré, sans vision. Et même quand on en a pas peur , on est souvent incapable de gérer seul tout ce qui bouillonne ou qui se fige à l’intérieur. 

Alors on c’est créé beaucoup de distractions, de compensations … ou on s’en remet à des substances qui nous accompagnent, nous existent ou nous calment, nous rassurent ou nous rendent encore plus durs … mais qui au final nous usent et nous vident ne notre substance masculine. Que l’on fanfaronne ou que l’on perdre pieds tout cela n’a plus vraiment de sens. 

C’est difficile à reconnaitre. Il faut souvent un accident ou une rupture pour l’admettre. 

Et quand bien même je le reconnais, je ne sais pas faire autrement. Personne ne m’a appris. Même papa il savait pas faire sans sa femme, sa mère, sa soeur … ou d’autres femmes. Il ne le disait pas bien sur, je l’ai compris bien plus tard qu’en je l’ai vécu à mon tour, cet attachement bizarre qui nous fait balancer entre fusion et rejet, entre démission et manipulation. Alors même si je reconnais que les modèles masculins ambiants sont obsolètes, faute de savoir faire autrement, ils sont sacrément rassurants et attachants ces anciens modèles. 

Une grande et passionnante aventure s’ouvre aux hommes qui aspirent aujourd’hui à une vie plus consciente, libre et joyeuse. Cette fois l’exploration est en direction de l’intérieur. Oui à l’intérieur, là où depuis si longtemps ont a mis des cuirasses sur nos sensations, construit des murs autour de nos émotions … et barré la route à la communication. … Le premier territoire à conquérir c’est celui de l’autonomie affective et émotionnelle. Ce territoire  recèle une abondance  de trésors : 

La capacité a reconnaitre ma propre valeur de mes sentiments , Prendre plaisir à être moi-même, Me sentir maître de ma destinée, assumer mon enthousiasme, mon désir et mon énergie masculine, ressentir plus d’amour envers moi même et envers les autres , Ressentir une profonde joie de vivre, …. Et une initié d’autres  d’autres trésors.

Une aventure qui invite à mobiliser toute notre conscience, notre énergie et notre  courage. Et aussi beaucoup d’humilité, il en faut de l’humilité car c’est vraiment pas gagné !  De la légèreté aussi pour pouvoir trébucher sans se blesser, apprendre à rire et pleurer d’un même élan, savoir s’égarer sans jamais se perdre. Sortir du temps, prendre patience, entrer en amitié avec soi même.

Héla cela ne suffira pas. 

Un homme seul ne peut pas défaire, ce qu’il a mis des siècles à bâtir inconsciemment avec et contre ces frères. Il a besoin de leur soutien au quotidien. Ils ont besoin ensemble de partager un récit collectif.

Le premier chapitre à écrire est d’après moi « L’autonomisation de l’homme » cela sonne moins bien que la « libération de la femme » mais c’est l’idée. Je laisse à d’autre l’invention d’un plus joli nom. 

Un nouveau récit du masculin qui exprime et rende lisible le chemin de l’homme nouveau auprès des siens et au yeux du monde. Partie 1 : L’homme est un être affectivement et émotionnellement autonome. 

C’est un chemin individuel mais qui ne peut se faire que dans la fraternité. Qu’elle soit bavarde ou silencieuse, le nouveau masculin de demain se fera dans un fraternité joyeuse.

Aucun doute ma maison c’est la joie.

Il y a sept jours pour jour j’ai plongé joyeusement dans l’illusion d’une eau limpide … une eau bien moins profonde que je ne l’imaginais… et j’ai simultanément expérimenté la caresse de l’eau sur ma peau et la densité du rocher contre les os de mon visage.

Le choc. Je ressors la tête de l’eau, je baigne dans la confusion, je ne vois rien, je suis en panique. L’instant d’après ma vue revient, je sens que je vais m’évanouir, j’appelle à l’aide. « Laurence, Laurence », juste deux fois car cela m’épuise et je réalise que personne ne peut ni m’entendre ni me voir. Je sens mes dents cassées et ma tête meurtrie me donne l’impression d’avoir triplé de volume et de poids.

Le haut de mon corps aspire à la gravité, le bas lutte pour me maintenir hors de l’eau. Alors que je commence à perdre connaissance, ma conscience devient très calme et claire : si tu t’évanouies tu te noies … retourne sur la plage. L’instant d’après je suis à genoux sur le sable, le sang coule, Laurence prend soin de moi … moi je ne suis pas encore vraiment là.

J’observe calmement mon corps en panique. J’éclate en sanglots … j’ai eu tellement peur. Pas de mourir, peur de ne pas pouvoir continuer à vivre cette existence qui m’a été donnée de vivre … je n’ai pas fini de me réjouir … je n’ai pas encore assez aimé.

Cette émotion ressurgira plusieurs fois par jour durant les 4 jours suivants, donnant à tout ce que je ressens un relief particulier … à la fois plus de fluidité et de densité … une densité fluide ! Je me réjouies de constater que cette nouvelle qualité d’être perdure et semble être ancrée en moi.

Je n’ai aucune idée de la manière dont j’ai parcouru les trente mètres qui me séparaient du rivage. J’étais où ? Mes seuls souvenirs sont des écorchures, des épines d’oursins … et un épuisement physique encore présent une semaine après.

Je suis plein de gratitude pour l’énergie mystérieuse qui a permis à mon corps de regagner le rivage. Je pensais n’y être pour rien. Je me dis aujourd’hui que ma pratique yogique quotidienne a certainement contribué à maintenir ma conscience et à pouvoir mobiliser les ressources physiques nécessaires. Merci aux enseignements, à ma discipline … à moi.

Quelle est cette énergie qui a oeuvré à réunir mon corps et ma conscience ? J’ai clairement senti ma conscience observer les actions de mon corps ? J’étais où ? Où est ma maison ? Dans mon corps ? Dans ma conscience ? Que serait devenu ma conscience si mon corps s’était noyé ? Où est ma maison ?Pendant environ une heure, j’ai gardé cette sensation que ma conscience n’habitait pas totalement mon corps. Je pense qu’elle n’avait pas encore assez confiance pour s’y rétablir.

Premiers soins, je n’ai rien de très grave … retour au calme et au confort … c’est à ce moment là que ma conscience et mon corps s’unissent à nouveau … je ressens la joie … elle me surprends … je souris … ma maison c’est la joie … je ne sais pas si elle est dans mon corps ou dans ma conscience … mais aucun doute ma maison c’est la joie … je ne sais pas si j’aurais pu l’emporter avec moi … mais aucun doute ma maison c’est la joie.