Pourquoi entre hommes ?

Alors que la tendance actuelle semble être à la mixité, voire au non-genre, on observe une recrudescence de propositions à explorer les chemins de transformation corps-conscience entre femmes et entre hommes. Dans ce domaine, les femmes ont clairement ouvert la voie aux hommes. Cercles de femmes, retraites de yoga au féminin, tantra femme, ont progressivement été déclinés au masculin.

« Pourquoi entre hommes ? » Est la première question que l’on entend en abordant l’existence de ces propositions. Les hommes ne commencent pas par se demander ce qui va s’y passer ou ce que cela pourrait leur apporter de plus que dans la mixité. Ils veulent d’abord savoir « pourquoi entre nous ? » Ou comprendre « pourquoi sans femmes ? ». Cette curiosité est souvent empreinte de scepticisme, de crainte voire de suspicion. Pourtant il suffit d’avoir participé une seule fois à un cercle d’hommes, un cours de yoga ou de tantra au masculin pour réaliser que c’est un moyen habile sur notre chemin de transformation, de réalisation et de libération. Dans le bouddhisme « moyen habile » désigne la capacité de choisir le meilleur moyen, aussi curieux soit-il, de guider les êtres en fonction de leurs besoins et possibilités propres… à un moment donné. Car il ne s’agit pas de rester éternellement entre hommes. Ces propositions visent au contraire à revenir à la mixité avec encore plus d’authenticité, d’autonomie et de légèreté.

Alors comment
cela fonctionne ? À cheminer entre hommes , quelles en sont les vertus ? Au-delà de ma propre expérience, j’ai posé cette question à d’autres hommes qui accompagnent les hommes entre hommes. En voici une synthèse. Il s’agit d’abord de renouer avec une mémoire millénaire qui est en nous, celle des temps de fraternité et des rites entre hommes. Nous les avons délaissés, oubliés voire rejetés et pourtant nos cellules, notre humanité, en ont besoin. Nous sommes des hommes qui ont été blessés par les hommes. Nous sommes des hommes qui ont blessé des hommes. Partager dans la sécurité et la conscience une fraternité sincère, joyeuse et décomplexée est déjà en soi une guérison. D’autre part, nous avons inévitablement développé avec le féminin des jeux de séduction, de domination, de dépendance.

Par l’expérience de la séparation, nous pouvons ressentir autrement ces attachements et dépendances. Par la connexion à une diversité d’hommes nous pouvons plus facilement retrouver notre sensibilité et notre puissance, assumer et harmoniser nos polarités masculines et féminines… renouer à la fois avec les ressources de notre genre et avec notre authenticité. Et puis très concrètement, on observe que les hommes se sentent entre eux plus libres et légers pour aborder des domaines dans lesquelles les femmes les surpassent souvent : la souplesse, la présence, la capacité à ressentir, à partager. Nous ne sommes pas, ni physiologiquement ni psychiquement, construits de la même manière. L’accepter et en tenir compte est une évidence que toutes les sociétés tribales avaient comprise et avec laquelle il appartient à chacun aujourd’hui de renouer ou pas !

Frédéric Marr

Pour aller plus loin
www.fredmarr.com – marrfred@icloud.com

  • atelier a Toulon et intégrants.
  • Le podcast « Les hommes de joie » :
    https://shows.acast.com/les-hommes-de-joie
  • Le Festival du Chamanisme au masculin
    Du 4 au 6 octobre 2024 en Ardèche
    http://grainesdechamane.com
  • True Man. Retraite intinérante
    du 6 au 10 août dans le Tièves-Vercors
    https://www.amritnam.com/fr/

Paru dans LE JOURNAL DU YOGA n°255 • 9 03/2024

2 commentaires
  • Thierry Henri
    Répondre

    Toujours cette magie ! Lol
    Une pensée / une réflexion me vient à l’esprit…
    Et hop je lis un topo dessus que Fred a posté !
    C’est incroyable …
    Tres intéressant cette direction et vision de la fraternité masculine … qui me parle car en l’ayant toujours cherché dans une complicité sexuel, c’est la vibration et l’attachement amical de la fraternité masculine avec cette sensation paternel qui nous centre dans notre statut/ etat d’homme .

    1. FredMarr
      Répondre

      Le désir s’oriente là ou nous avons à expérimenter. En vivant consciemment pleinement et sans jugement ce que nous avons a expérimenter nous pouvons nous libérer de nos curieuses addiction. Nous nous ouvrons alors à désir de plus en plus grand, large, tournée vers ce qui est vraiment important pour nous et essentiel pour les humains :partager l’amour véritable.

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